Et si la police d’écriture avait sa propre vie et son propre impact ? Vous n’y avez, jusqu’à présent, pas vraiment pensé. Vous utilisez donc les caractères que vous aimez bien. Ou dont vous avez tout simplement l’habitude.

C’est bien dommage. Car, les caractères d’une police d’écriture peuvent être aussi artistiques qu’une photo ou une illustration.

Alors, si vous êtes prêt à faire un effort sur vos photos, sur vos illustrations et, d’une manière générale, sur le design de vos documents, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout et vous interroger sur comment choisir la meilleure police d’écriture pour votre projet ? Laissez-nous vous y aider. 

Impact communicationnel de la police d’écriture

Dans un récent communiqué, la grande banque d’affaires Goldman Sachs a annoncé qu’elle avait demandé à la célèbre fonderie typographique Dalton Maag de lui créer une police d’écriture pour elle toute seule. Elle l’a baptisé Goldman Sans et elle la présente ainsi :

Tout en courbes, équilibrée entre chaque lettre, elle vise à refléter ses 150 prestigieuses années d’héritage, tout en regardant vers le futur. 

L’intention communicationnelle est évidente. D’autant plus que la création de cette police d’écriture intervient à un moment clé de l’histoire de la banque. Chahutée par des affaires litigieuses, il semble qu’elle ait éprouvé le besoin de redorer son blason et ce n’est pas pour rien qu’elle ait choisi de le faire en faisant fabriquer une police de caractères, originale, à son nom.

 

Goldman Sachs
Goldman Sachs

 

Son usage est libre, à condition toutefois de ne pas s’en servir pour critiquer la banque. On voit tout l’intérêt pour la banque d’avoir des millions d’utilisateurs taper leurs textes en Goldman Sans, c’est le petit nom de la nouvelle police d’écriture de la banque, plutôt qu’en Univers, Helvetica ou Calibri. 

Pour autant, Goldman Sachs n’est pas la seule entreprise à avoir ressenti le besoin d’avoir une police d’écriture en quelque sorte à son effigie. Vodafone, Canonical, Nokia ou Hermès, pour ne citer que ces entreprises ont fait de même, bien avant Goldman Sachs. 

Et il n’y a pas que les entreprises à vouloir leur police d’écriture à elle. Citons, par exemple, Le Cooper Hewitt du Cooper Hewitt Smithsonian Design Museum ou la police d’écriture, spécial évènement, créée à l’occasion des jeux olympiques d’été de 2016

Alors pourquoi pas vous ? Après tout, malgré les apparences, ce n’est pas si compliqué. 

 

Les différents types de police d’écriture

C’est vrai que lorsqu’on commence à s’intéresser aux polices d’écriture, il y a de quoi s’y perdre. D’abord, c’est quoi une police d’écriture ? Est-ce que c’est pareil qu’une fonte ou qu’une police de caractères ? Et encore, une police d’écriture en imprimerie est-ce que c’est la même chose que ce qu’on trouve sur un ordi ?

 

Les différents types de police d'écriture
Les différents types de police d’écriture

 

Eh, bien, vous savez quoi ? Si votre but est simplement de renforcer l’impact de votre communication, ce n’est pas la peine d’entrer dans tous ces détails. Sauf, si vous êtes curieux, mais à ce moment-là, mieux vaut se reporter à des ouvrages spécialisés. 

Alors, dans ce cas, que faut-il savoir au juste qui puisse être vraiment utile ? 

Classification officielle ou vox-atypi

Ce qu’il faut savoir, c’est, sans hésiter, que les typographes professionnels répartissent les polices d’écriture en 11 familles selon la classification VOX-ATYPI de 1962. C’est intéressant parce que ça caractérise parfaitement chacune des polices.

Ce qui, d’évidence, aide bien selon le type de communication qu’on veut faire. On n’est déjà plus obligé de recourir à la même police en faisant comme si elle était la seule et sans voir qu’elle peut être en contradiction avec la communication qu’on est entrain de concevoir. 

 

Polices de caractères et typo
Polices de caractères et typo

 

Avant d’aller plus loin, un mot sur ce qu’il faut entendre par police d’écriture. Cela peut servir. Pour faire simple, une police, c’est une liste. C’est un des sens de polizia en italien, d’où vient le mot police.

De ce fait, une police d’écriture, on dit aussi police de caractères, c’est un ensemble de caractères ayant les mêmes caractéristiques en matière de corps, de graisse ou de taille. On parle ainsi de la police d’écriture Garamond romain, gras, 12 points.

 

La classification Thibaudeau
La classification Thibaudeau

 

Revenons à la Vox-Atypi de 1962.  Elle fait suite à une première classification dite Thibaudeau, dont elle s’inspire. Elle a été mise au point par Maximilien Vox en 1952 et officialisée, au niveau mondial, par l’association typographique internationale, l’Atypi. Cette classification distingue 11 familles de polices d’écriture et sert de révérenciel à l’Afnor. Donc, rien de mieux.

 

Les 11 familles de la classification Vox-Atypi

Ces 11 familles, et c’est cela qui est intéressant, se répartissent en trois grandes catégories ou grandes familles. On a donc des familles classiques, des familles modernes ou des familles calligraphiques. Notre Garamond, cité plus haut, se positionne ainsi dans la famille des Garalde de la grande famille des classiques. Bref, c’est une police classique, à la fois parce qu’elle est ancienne et que ses caractères ont des empattements.

 

Garamond
Garamond

 

Une police moderne est de conception récente et n’a pas d’empattement. Comme, par exemple, la police d’écriture Didot. Ou encore la très connue Helvetia. Quant à la dernière famille, elle regroupe les polices calligraphiques.

 

Helvetia
Helvetia

 

C’est-à-dire les polices dont les caractères imitent l’écriture manuscrite et sont récentes, comme les polices d’écriture isadora ou banco.

 

La classification du codex 1980 de Jean Alessandrini

On peut pousser la classification des polices plus loin comme l’a fait Jean Alessandrini avec son codex 1980.  Son système de classification est très proche de celui des entomologistes et il arrive à un tableau avec 19 classes. 

 

Jean Alessandrini : Fonte Alessandrini 7

 

Ce qu’il faut retenir 

Mais, bon ce qu’il faut retenir de tout ça, c’est qu’il y a beaucoup de polices d’écritures, que certaines peuvent être dites classiques, modernes ou calligraphiques. Ce qui donne déjà une bonne orientation sur la police qu’il convient de choisir en fonction de son projet de communication. Mais, on peut aller encore plus loin dans l’implicite et les messages subliminaux en recherchant la police idéale dans le codex 1980.

 

Classification internaute ou web

Mais tout ça est quand même encore un peu trop compliqué. Et le développement du web, mais il faut aussi bien le dire, les possibilités limitées des premières machines informatiques, y ont mis un peu le holà. Si l’on peut dire.

Cela pour le plus grand bonheur des internautes. D’où une classification hypersimple des polices d’écriture, la seule que connaissent la plupart des internautes, en 6 familles : serif, sans serif, cursive, fantasy et monospace :

  • Serif, pour les polices avec des caractères à empattement, correspondant aux polices « classiques ».

 

  • Sans serif, c’est-à-dire, sans empattement, polices qu’on peut qualifier de « modernes »

 

  • Cursive, dont les caractères reproduisent l’écriture à la main.

 

  • Fantasy, on parle aussi de polices décoratives.

 

  • et enfin Monospace, pour l’écriture au kilomètre, proche des machines à écrire d’antan.  

 

 

Cependant, si on veut développer un projet de communication original, ça reste un peu court. Revenons aux fondamentaux. 

 

Choisir une police d’écriture personnalisée

Pourquoi faire une police de caractères  » à sa main » ?

Pourquoi chercher à avoir une police d’écriture particulière. L’exemple de Goldman Sachs en donne la raison. Le communiqué de la banque dit tout, en quelques mots. La police d’écriture véhicule une image, au même titre que tous les autres éléments d’un design graphique :

  • Couleurs.
  • Illustrations.
  • Mise en page.
  • Format.
  • Papier.
  • etc.

Et on comprend bien que l’ensemble de ces éléments doit être en cohérence avec le message que l’on veut faire passer. 

Par ailleurs, la conception de ce message n’est évidemment pas le fruit du hasard. Il correspond nécessairement au positionnement de l’entreprise ou de l’organisation sur son marché, donc vis-à-vis de ses concurrents. C’est par rapport à ce message que Goldman Sachs, par exemple, a défini les caractéristiques de sa police d’écriture.

Elle y affirme son côté unique, son ancrage dans une expérience séculaire et sa volonté d’être un acteur économique majeur, présent et futur. 

Raison pour laquelle, une police d’écriture est forcément au cœur de toute charte graphique et se décline sur tous les supports de communication de l’entreprise ou de l’organisation.

 

Comment choisir sa police d’écriture ? 

Une fois qu’on est déterminé à avoir une police d’écriture « à sa main », reste à voir quels critères retenir pour la choisir. Quelle que soit la créativité dont on peut faire preuve dans ce domaine, trois critères sont incontournables : la lisibilité, la cohérence et la qualité. 

 

Comment choisir sa police d'écriture
Comment choisir sa police d’écriture

 

  • La lisibilité, tout d’abord. Il faut bien le dire. Certaines polices d’écriture sont très originales, mais pas très faciles à déchiffrer. Dans le genre, on trouve habituellement, par exemple, des polices d’écriture comme les polices s’inspirant de l’écriture gothique. Leur usage ne peut qu’être réservé à certaines occasions ou à certaines parties du texte à communiquer.

 

  • La cohérence, ensuite. On a déjà évoqué cet impératif plus haut. Mais, répétons-le, la typographie d’un message doit être cohérente avec le contenu du message. Si on est, par exemple, à la tête d’une start-up entièrement tournée vers le développement de technologies futuristes, mieux vaut adopter une typographie également futuriste, ou à tout le moins, moderne.

 

  • La qualité, enfin. Toutes les polices de caractères ne se valent pas sur ce dernier point. Il faut particulièrement veiller à ce que la police choisie ait bien, entre autres, tous les caractères voulus et des espacements parfaits.

 

Comment faire pour avoir sa police d’écriture personnalisée ?

Il y a, au fond, deux méthodes pour avoir une police d’écriture personnalisée, au moindre coût : les téléchargements gratuits et les téléchargements premiums.

 

  • Les téléchargements gratuits.

Les sites spécialisés se sont multipliés avec les années. Trouver une police de caractères comme l’on veut ne pose donc pas de problème particulier. Certains sites, comme beautiful dingbats ou exoticfonts, n’imposent même pas de téléchargements et proposent tout simplement de copier-coller le texte écrit dans sa police habituelle et de le convertir dans une police au choix proposée par le site. Très simple, si on veut juste personnaliser un titre ou un message publicitaire occasionnel.

 

Les téléchargements gratuits.
Les téléchargements gratuits

 

Ce sont ce qu’on appelle des générateurs de textes. Vous pouvez aussi, et c’est encore plus simple, sélectionner, par exemple, un modèle de flyer avec sa typo et le mettre à votre goût. Même chose, bien sûr, avec un modèle de carte de visite personnalisable.

Maintenant, si on veut une police complète, on peut, par exemple, aller faire un tour sur un site comme Dafont.com.

 

  • Les téléchargements premiums.

Le grand nombre de polices d’écriture qui peuvent être téléchargées gratuitement a de quoi donner le tournis et peut rendre perplexe. Alors, il peut être tentant de s’en remettre à des sites premiums, c’est-à-dire payants, pour être certain d’avoir un produit et un service de qualité.

On peut se rendre, par exemple, sur le site de Dalton Maag, le fondeur qui a créé la police de Goldman Sachs ou sur des sites tels qu’ Ultimate font qui vendent des licences d’utilisation comme d’autres sites le font pour des photos.  C’est au moins avoir la garantie de pouvoir compter sur une police d’écriture complète et contrôlée. 

 

En bref 

Le choix d’une police d’écriture n’est pas neutre. Il donne beaucoup d’indications sur la personne, l’entreprise ou l’organisation qui y a recours. On peut donc retourner le processus en l’utilisant à son profit pour accentuer encore plus le message que l’on veut faire passer.

D’où la nécessité d’avoir une idée de la classification des polices d’écriture et de respecter quelques principes d’usage une fois choisie sa police d’écriture. 

Ces principes visent, principalement, à assurer la lisibilité, la cohérence et la qualité de son style d’écriture. Tout cela peut se faire à moindre coût avec les téléchargements gratuits. Mais, dès lors qu’on a un projet de communication consistant, il est conseillé de s’en remettre à des spécialistes pour être certain de faire le bon choix.

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